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De la disparition des compétitions de motocross en Belgique : causes et conséquences

Le motocross est l’un des sports mécaniques les plus populaires en Belgique et a eu un impact indéniable, au fil des années, sur la culture sportive du pays. Pourtant, les compétitions de motocross ont connu un déclin notable au cours des dernières décennies et le nombre d’événements majeurs a diminué de manière significative. Les raisons de ce phénomène sont très diverses, tantôt entre facteurs économiques, questions environnementales et évolution des préférences du public.

Dans cet article, dont la version originale a été écrite par Johan Troch, nous tentons d’examiner les causes et les conséquences de la disparition des compétitions de motocross en Belgique.

Les années d’or du motocross en Belgique

Au cours des années 1970 et 1980, le motocross a connu ses heures de gloire en Belgique. Le pays comptait de nombreux pilotes de premier plan, tels que les légendaires Joël Robert et Roger De Coster, qui ont gagné sur tous les circuits internationaux de motocross et ont propulsé la Belgique vers les plus hauts sommets, en tant que nation puissance du motocross. Des événements majeurs tels que le Motocross des Nations et le Grand Prix de Belgique ont attiré des milliers de spectateurs, tandis que de nombreuses courses internationales locales ont été organisées, avec enthousiasme, dans toutes les régions du pays. Le motocross pouvait compter sur le soutien d’un public nombreux et solide, tant au niveau professionnel, qu’au niveau amateur.

Roger De Coster

Les causes du déclin

  1. Pressions économiques et sponsoring

La pratique du motocross nécessite des investissements importants, autant pour l’organisation des compétitions que pour les participants. Le sponsoring, qui était autrefois un pilier important du financement des événements, a considérablement diminué au fil des ans. De nombreuses entreprises, en particulier dans les secteurs de l’automobile et des sports mécaniques, ont considérablement réduit leur soutien au motocross, en partie à cause des fluctuations économiques et de l’évolution des stratégies commerciales. En regard de cela, le coût de l’organisation de grands événements est devenu de plus en plus élevé, ce qui a découragé bon nombre d’organisateurs.

  1. Des exigences de plus en plus strictes en matières d’environnement et de bruit

En Belgique, comme dans d’autres pays européens, les questions environnementales et les normes liées au bruit ont aussi fait l’objet d’une attention accrue au cours des dernières années. Vu que les compétitions de motocross se déroulent souvent sur des pistes en terre situées à proximité de zones résidentielles, va de soi que cela entraîne des nuisances sonores.
En Flandre, en particulier, les distances entre les terrains de motocross et les zones résidentielles sont devenues de plus en plus courtes, en raison de l’augmentation du nombre de lotissements.

HondaPark à Olmen

C’est pourquoi les gouvernements locaux ont également introduit des normes de bruit de plus en plus strictes, ce qui a rendu l’organisation des courses de plus en plus difficile. A cela se sont ajoutés les pressions et oppositions grandissantes des mouvements écologistes, à l’encontre de l’utilisation de terrains non aménagés, où se sont déroulé des motocross occasionnels. C’est ainsi que les pressions écologiques sur les gouvernements locaux, ont eu des effets dévastateur quant à la survie des terrains de Motocross. Aussi, l’utilisation de motos bruyantes a souvent posé un problème à l’encontre de la qualité de vie des résidents locaux. Tout cela a conduit à la disparition de plusieurs événements et de lieux dédiés à la pratique de ce sport, le tout provoquant le déclin du motocross.

  1. Changements dans la culture sportive

Le motocross a subi d’importantes transformations au cours des dernières années. Le grand public s’intéresse de plus en plus à d’autres sports, tels que le football, le cyclisme et d’autres formes de sport, ce qui a réduit l’intérêt pour le motocross. La jeune génération semble de moins en moins intéressée par le motocross, peut-être en raison du coût élevé, de la complexité de l’entretien des motos, du risque de blessures et du manque de pratique.

  1. Contraintes sur les espaces et les sites

La recherche de sites appropriés pour la pratique du motocross est un autre problème croissant. En raison de l’urbanisation de la Belgique et surtout de la Flandre, il y a de moins en moins de sites disponibles pour accueillir des compétitions de motocross. Les anciennes pistes ont souvent dû céder la place à de nouveaux projets de construction ou à d’autres formes de développements. La possibilité de créer des pistes adaptées, bien entretenues et sûres est désormais limitée, de sorte que de nombreux événements ne sont tout simplement plus possibles.

La “Breugelheide” à Lille

  1. Questions liées à la sécurité et à la santé

Le motocross est par nature un sport à haut risque. Ces dernières années, l’accent a également été mis sur la sécurité des participants, tant au niveau professionnel qu’au niveau amateur. Les risques élevés de blessures, dont certaines peuvent être très graves, ont conduit certains participants potentiels et leurs familles à abandonner ce sport.
L’augmentation des frais matériels et d’entretien des équipements joue également un rôle à cet égard.
Ces facteurs, associés à l’évolution des attitudes sociales à l’égard des sports à haut risque, a aussi réduit le nombre de pratiquants de ce sport.

Quel impact sur la culture du motocross en Belgique ?

Le déclin des circuits d’entraînement, ainsi que des compétitions de motocross en Belgique, a laissé des traces profondes dans la culture du motocross belge. La fréquentation du public lors d’événements majeurs tels que le Grand Prix de Belgique à Lommel s’est vue fortement réduite … , et même des compétitions régionales plus modestes disparaissent du calendrier. Tout cela affecte également les économies locales, qui dépendaient de ces événements, qu’il s’agisse des séjours à l’hôtel, ou des retombées sur les restaurants et les commerces locaux.

Heureusement, malgré le manque de compétitions majeures de motocross en Belgique, qui affecte l’industrie belge du motocross, ainsi que la formation des jeunes talents, nous pouvons encore compter sur “Motorsport Flanders” pour encadrer les jeunes talents. La Belgique a toujours produit d’excellents pilotes, mais avec la disparition des compétitions et des terrains d’entraînement, les possibilités pour de nouveaux jeunes pilotes de développer leurs talents et ensuite de briller dans les compétitions internationales semblent, pour le moins, entravées. Mais malgré ce constat, notons que l’espoir renaît avec les récents succès de nos jeunes et meilleurs talents tels Jago Geerts, Liam Everts et les frères Coenen, qui redonnent espoir à la Belgique d’avoir à nouveau un champion du monde.

Un avenir pour le motocross en Belgique ?

Malgré les défis et les difficultés, il semble bien qu’il y ait encore de l’espoir pour le motocross en Belgique. Plusieurs clubs et circuits locaux restent actifs, bien que souvent à plus petite échelle. Il existe également un intérêt croissant pour le motocross vintage, qui redonne vie aux machines de motocross anciennes, via et les courses classiques des évènements Old School, de plus en plus en vogue. Cela offre bien de nouvelles possibilité de faire revivre notre sport, sous l’angle d’une certaine nostalgie.

Le solide pilote Maïco Ivan Van Den Broeck.

En conclusion

La disparition des compétitions de motocross en Belgique est la conséquence d’un ensemble complexe de facteurs, notamment économiques, environnementaux et liés à l’évolution de la culture sportive. Bien que notre sport compte toujours un bon nombre de supporters passionnés, la perte de compétitions majeures a changé le paysage du motocross en Belgique. L’avenir du motocross en Belgique dépend désormais de sa capacité à s’adapter aux exigences changeantes du public, de la société et des réglementations locales. Le maintien d’une base solide de compétitions locales et le développement de nouvelles formes innovantes de ce sport pourraient peut-être contribuer à perpétuer la tradition du motocross en Belgique en lui offrant un second souffle.

Texte original: Johan Troch / Traduction VF: Manu Jacques

Photos: Archives MXVintage, Rabbits Ballooning Team, Danny Hermans, Gino Maes, Fullspectrum et Carolien Kenis.

 

 

Emmanuel Jacques: