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A propos des circuits de motocross, d’hier et d’aujourd’hui

Le motocross, l’un des sports les plus spectaculaires au monde, s’est considérablement transformé au fil des ans. Les pistes, sur lesquelles se sont déroulées les compétitions, n’ont pas échappé à cette évolution. De la simplicité et du caractère brut des tracés des premières années, à ceux d’aujourd’hui, toujours plus techniques et sophistiqués, les circuits de motocross ont évolué, autant que les machines qui les ont empruntés. Dans ce second article, dont nous devons le texte initial à Johan Troch, nous tenterons de pointer les principales différences entre les pistes de motocross d’hier et d’aujourd’hui.

  1. Du circuit naturel au parcours structuré

Juste après les années de guerre, les pistes de motocross parcouraient souvent des zones naturelles intactes, et étaient agrémentées de simples obstacles naturels, tels que des arbres, des passages boueux, des rochers et des dénivelés naturels. Ces pistes étaient à peine marquées ou tracées ! Les pilotes devaient trouver leur chemin à travers le terrain, ce qui transformait souvent les courses en véritable parcours du combattant. La variété des terrains et des conditions rendait chaque course unique et imprévisible.

Aujourd’hui, c’est très différent ! La plupart des pistes de motocross sont souvent conçues et construites selon le double objectif suivant : améliorer la sécurité des pilotes, tout en optimisant le plaisir des spectateurs, bien que ce dernier point soit souvent sujet à interprétation personnelle. De nos jours, les pistes sont creusées à l’aide de machines, nivelées et dotées d’obstacles artificiels, tels que des sauts, des tables, des bermes et des virages spécialement conçus pour mettre les compétences techniques des pilotes à l’épreuve. Les surfaces sont souvent soignées, formatées, afin d’offrir des adhérences uniformes et elles sont également conçues pour minimiser l’impact des conditions météorologiques telles que la pluie. Personnellement, je regrette les parcours naturels d’autrefois, souvent plus variés et donc plus attrayants et plus conformes à l’ADN du motocross.

Frauenfeld, en Suisse.

  1. Innovations technologiques dans la construction des parcours

Le développement des pistes de motocross a évolué, non seulement en fonction des souhaits des pilotes, mais aussi des avancées technologiques. Aujourd’hui, les pistes de motocross sont souvent conçues à l’aide de technologies avancées telles que les modélisations en 3D effectuées sur ordinateurs. Il est ainsi possible de créer une piste qui exploite au mieux l’espace disponible, en planifiant soigneusement la difficultés souhaitées de chaque tronçon.

Par le passé, les pistes étaient le plus souvent tracées in situ, manuellement et avec sueur, par les membres du comité local de motocross, aidés des bénévoles ou par les pilotes eux-mêmes, sans artifices ou aides techniques significatives. Il en résultait des pistes souvent variées, aux terrains changeants et donc spectaculaires et aventureuses. Les conditions de pistes étaient parfois aléatoires, car souvent affectées par les caprices météorologiques, ce qui rendait certaines courses imprévisibles et donc très excitantes.

Farleigh Castle.

  1. Sécurité et facteurs environnementaux

Dans les premières années du motocross, les mesures de sécurité étaient assez minimalistes. Il n’y avait que peu (ou pas du tout) de barrières de sécurité, mais plutôt des cordes tendues pour délimiter les tracés. Quant aux pilotes, ils étaient exposés aux obstacles naturels tels que les arbres en bordures de pistes, ainsi qu’aux imprévisibilités du terrain. Tout cela n’était pas sans risques, autant pour les pilotes, que pour les spectateurs, mais malgré les mesures de sécurité limitées, il faut admettre que bien peu d’accidents se sont produits.

Avec l’essor du motocross moderne, la sécurité est devenue une priorité absolue. De nos jours, la plupart des pistes de motocross sont équipées de solides glissières et barrières de sécurité (souvent 2 rangées successives), autant pour protéger les pilotes que les spectateurs. Des zones spéciales sont créées où les spectateurs peuvent se tenir à l’abri des motos qui volent, ainsi que des projections de boue. Les installations en bord de piste ont également été améliorées de façon spectaculaires, avec des équipes médicales spécialisées et des hélicoptères souvent disponibles pour les transports rapides vers les hôpitaux en cas d’accident grave.

Matterley Basin.

  1. Infrastructures et professionnalisation

La professionnalisation du motocross a permis d’améliorer les infrastructures autour des pistes. Alors que dans les année d’antan, le motocross était principalement un sport d’amateurs et de passionnés, les circuits d’aujourd’hui sont souvent équipés de tribunes, de zones VIP, de systèmes de chronométrage et de comptage des points avancés et de vastes parkings pour les équipes et les spectateurs. Les circuits de motocross GP d’aujourd’hui sont également équipés de tableaux d’affichage et de chaînes de télévision comme, par exemple, notre chaîne de télévision payante Play Sports, en Flandre, sur laquelle on peut suivre la course en direct.

En ce qui concerne le Championnat du Monde, les circuits actuels sont souvent conçus par la même société Infront Moto Racing, pour le compte de la FIM, ce qui, à mon sens, favorise l’uniformité. Tous les circuits de GP dans le monde se ressemblent plus ou moins. D’un point de vue organisationnel, cela présente de nombreux avantages logistiques et techniques, c’est certain. Mais pour l’amateur de motocross un peu plus âgé, qui peut comparer avec le passé, cette absence de diversité peut s’évérer beaucoup moins attrayante.

Les sables du “Keiheuvel” à Balen.

En dehors des Grands Prix du Championnat du monde officiel, aujourd’hui il n’y a quasi plus guère de compétitions internationales de motocross reconnues. En Belgique, nous avons la chance d’avoir encore le traditionnel Motocross du Keiheuvel à Balen (KMC-Mol), qui peut encore être organisé, en partie grâce au fait que le club est propriétaire de la majeure partie de la piste et dispose largement du soutien et de la coopération des autorités municipales et provinciales.

  1. Conditions météorologiques et gestion des circuits

Par le passé, ce sont les conditions météorologiques, qui déterminaient l’état de la piste. En cas de pluie, il arrivait souvent que la piste se transforme en bourbier, ce qui rendait les conditions difficiles et que des pilotes ne puissent plus monter les pentes, etc. Aujourd’hui, les pistes modernes sont souvent mieux préparées à ces conditions météorologiques. Des systèmes de drainage sont installés pour éviter les flaques d’eau, et diverses techniques sont utilisées pour contrôler la boue. De plus, des machines modernes peuvent rapidement remettre la piste en état après une averse, ce qui permet à toute compétition de se poursuivre sans prendre trop de retard.

  1. Obstacles et défis techniques

Les obstacles, qui agrémentent les parcours de motocross d’aujourd’hui, sont devenus beaucoup plus complexes au fil du  temps. Auparavant, les obstacles étaient essentiellement naturels, comme des fossés, des talus, rampes ou des rochers, ce qui obligeait les pilotes à contrôler leur vitesse et à adapter leur pilotage à toutes situations. Aujourd’hui, les obstacles sont essentiellement artificiels, beaucoup plus complexes, avec des sauts structurés, des whoops, des virages en épingles et des sections techniques, qui obligent les pilotes à davantage contrôler leur moto.

Castilla la Mancha en Espargne.

Les circuits de motocross modernes comprennent aussi souvent des sauts spécialement conçus pour la vitesse et la technique, tels que des triples et des doubles, qui permettent aux pilotes de voler dans les airs sur de plus longues distances. Ces obstacles artificiels sont, non seulement, conçus pour favoriser la vitesse et éprouver la technique des pilotes, mais aussi pour rendre les circuits visuellement plus spectaculaires pour le public. Pour ma part, je ne trouve pas que ce soit une valeur ajoutée, mais ce n’est que mon opinion personnelle, bien entendu.

En conclusion, une évolution vers la perfection ?

Il est manifeste que les pistes de motocross ont considérablement évolué au cours des décennies. Alors que les parcours d’antan étaient essentiellement naturels, diversifiés et peu prévisibles, les pistes modernes sont le fruit de multiples avancée technologiques, sont aseptisées, calculées et plus faciles à gérer. Le motocross s’est professionnalisé et les pistes sont le reflet de cette évolution. De là à dire que tout cela a été fait pour un mieux et que tous ces changements rencontrent popularité et succès, il y a de la marge ! En effet, personnellement, je doute que le caractère et l’âme du motocross original aient été préservés.

Orp-Le-Grand.

Les défis du terrain et la capacité des pilotes à s’adapter aux conditions ont considérablement évolué. Les différences entre les pistes sont le reflet exact de l’évolution de ce sport : la transition progressive d’une forme de hobby sauvage, spontané et non réglementé, vers un sport motorisé formaté et sans doute trop professionnalisé. L’esprit de franche camaraderie d’autrefois, l’humanité, la solidarité entre les pilotes professionnels, tout cela semble désormais relégué au rang des dernières priorités. Le motocross d’aujourd’hui est toujours davantage dirigé, contrôlé, sous l’effet du dictat des directeurs d’équipes et des sponsors, de sorte que la spontanéité bon enfant, d’antan, semble avoir quelque peu disparu et c’est bien dommage.

Texte original: Johan Troch / Adaptation VF: Manu Jacques

Photo de tête (Kester 2015): Manu Jacques / Photos articles: Archives MXVintage

Emmanuel Jacques: