Published On: 27/06/2025

Au regard de tous les problèmes auxquels le Motocross en Belgique a dû faire face au cours des deux dernières décennies, n’est-il pas grand temps de jeter un œil outre nos frontières pour voir ce qui s’y passe ? Comme par exemple chez nos voisins du nord, qui soutiennent notre sport depuis 2021, avec leur “MX Masterplan” !

Interrogez l’AMPL, la MCLB, la FMB-BMB, la VLM, la FPCNA, ou encore la VMCF ! Demandez à “Motorsport Vlaanderen”. Demandez à la “FMWB”. Demandez à la “FAM”. Oui, Monsieur, en Belgique nous travaillons ensemble sur le sujet depuis des années. Et ce n’est pas un mensonge ! De nombreux partenariats existent entre les fédérations et chaque pilote ou amateur de motocross devrait s’en réjouir.

Construire des ponts

La seule chose qui nous manque est une vision globale et unifiée face à l’avenir de notre sport en tant que tel. Le motocross a reçu tellement de coups bas dans notre pays, qu’il est actuellement KO dans les cordes et a du mal à se relever. On peut comparer ça à un match de boxe entre Muhammad Ali et un enfant de 10 ans, qui vient de recevoir son premier jeu de gants de boxe pour son anniversaire. Sur les réseaux sociaux, les « gens du motocross » sont devenus très habiles pour pointer les boucs émissaires. Les écolos sont en tête de liste, suivis par les politiciens locaux et les gratte-papiers qui vivent à proximité d’un circuit de motocross et qui ont le temps d’éplucher la législation en profondeur, afin de s’opposer à un permis devant le Conseil d’État ou même de le faire annuler par le Conseil du contentieux des permis, lorsque celui-ci existe. C’est une spirale sans fin.

Et pourtant, il ne sert à rien de blâmer et d’envoyer ces opposants droit au bûcher, certes numérique. Assurer l’avenir de notre sport ne se fait pas en continuant à jeter des pierres, mais en construisant des ponts. Le modèle néerlandais, avec leur “MX Masterplan”, en est un excellent exemple. De l’autre côté de la frontière nord de notre pays, on pense à l’avenir et nos voisins soutiennent les clubs et font le nécessaire pour maintenir les circuits homologués.

Made in Belgium

Il est évident qu’un plan d’action belge n’aura pas exactement le même contenu, car nos voisins du nord ont encore beaucoup de circuits en ordre de licence, alors qu’en Belgique, nous n’avons actuellement plus que Lommel, Genk, Lierneux et Commines. Et ce dernier, ayant décidé de ne pas demander le renouvellement de sa licence, fermera ses portes à la fin de l’année. Quelques circuits supplémentaires permettront encore quelques possibilités occasionnelles d’entraînement et en assurant la sécurité sur leurs tracés aujourd’hui surchargés.

Toute personne, douée d’un peu de bon sens, est en droit de penser qu’un tel “MX Masterplan” devrait idéalement être élaboré par et au sein de la FMB-BMB, mais la fragmentation du paysage du motocross dans notre pays est si grande, que cela semble être une tâche presque impossible. Et cette fragmentation est en grande partie responsable des problèmes, car notre motocross belge souffre bien de l’inexistence de tout organe de concertation, représentatif de tous, avec les décideurs politiques, avec pour conséquence … un soutien politique moribond et peu ou pas de subventions.

Génération Alpha

La génération Alpha est le terme collectif désignant les personnes nées entre 2010 et 2025. Ces jeunes, qui ont grandi avec les technologies numériques et l’Internet, ignorent quasi tout du motocross et de son aura d’antan. Il sera donc extrêmement difficile d’amener cette génération de jeunes vers le motocross. Et au demeurant, ceux qui s’en approchent malgré tout, n’y verront que des machines équipées de moteurs électriques.

J’aimerais ne pas être celui qui devra commencer par expliquer à ces jeunes … qu’il n’y a que trois circuits dans notre pays, qu’il y a pourtant huit fédérations et que chaque fédération a sa propre politique d’octroi de licences … et que le prix de la licence annuelle est différente à chaque fois … et que les contrôles de bruit sont de plus en plus stricts, etc. Avouons qu’il n’y a pas vraiment d’uniformité à travers ces vérités.

Deux fédérations

Dans les pays voisins, il n’y a que deux fédérations, l’une pour les pilotes professionnels et l’autre pour les pilotes amateurs. Aux Pays-Bas, il y a la KNMV et la MON, en France, la FFM et l’UFOLEP. Nous devrions pouvoir en faire de même dans notre pays. Les multiples fédérations existantes dans notre pays devraient fusionner en une seule grande fédération d’amateurs et chacune d’entre elles pourrait se voir attribuer une région déterminée. En pratique, c’est déjà largement le cas aujourd’hui, mais de manière non officielle. Cela permettrait aussi d’assurer l’uniformité des permis, des règlements et cela rendrait les choses peu claires et plus contraignantes, autant pour les nouveaux pilotes, que pour les pilotes confirmés. De plus, cela permettrait la création un climat plus serein entre les fédérations et d’éviter les destructeurs chevauchements de dates des événements, qui se déroulent dans une même région.

Aux Pays-Bas, les pilotes de motocross qui prennent une licence auprès de la KNMV ou du MON, versent automatiquement une contribution de 48 euros, qui est entièrement reversée à la fondation “MX Masterplan”. En retour, “MX Masterplan” soutient les clubs en ce qui concerne leurs licences, mais aussi la sécurité et la durabilité de notre sport. Enfin, l’industrie n’investit actuellement pas beaucoup dans l’image du motocross aujourd’hui, mais elle pourrait aussi recommencer à contribuer financièrement, en réinstaurant une situation gagnant-gagnant pour tous.

Et puis ils se sont retrouvés seulement à trois

Après le 31 décembre 2025, il n’y aura plus que trois circuits permanents autorisés en Belgique, avec Lierneux, Genk et Lommel. Nous espérons ardemment que Lille et Olmen rejoindront à nouveau ce cercle très fermé, mais ce dernier point n’est en aucun cas une certitude. Compte tenu de l’absence dramatique de circuits, il est évident que les décideurs politiques ont besoin d’un nouveau rappel à l’ordre sur cette question. Cela aussi pourrait être une tâche dédiée au “MX Masterplan belge”, qui pourrait agir en tant qu’interlocuteur et représentant officiel de notre sport, sachant que les anciens projets visant à mettre en place au moins un circuit dans chaque province … ont été jetés aux oubliettes. Ne dit-on pas que “l’Union fait la force” ? Si nous restons divisés, chacun défendant ses positions, il n’y aura plus beaucoup d’espoir.

Il est temps de donner un nouvel élan à notre sport, en opposant à nos gouvernements fédéraux, wallon et flamand, un seul interlocuteur puissant et travailleur. La structure d’une telle association pourrait être composée de personnes issues des fédérations susmentionnées, mais aussi des exploitants des pistes de motocross actuelles. En outre, des conseillers et/ou des experts sont également nécessaires dans les domaines de l’environnement, de la législation, des permis et de l’aspect juridique du motocross, auquel il convient d’octroyer les mêmes droits de vie et d’existence que pour pour toutes les disciplines sportives représentées par leurs propres fédérations officielles. En démocratie, il y a lieu de donner à chacun le droit d’exister en toute légalité.

Nous devons être réalistes : la clé de l’avenir réside principalement dans les fédérations existantes et dans leur volonté d’abandonner une partie de leur ADN, en faisant des concessions au bénéfices de tous. Si nous restons divisés, nous donnons la part belle à nos opposants. C’est une tâche incroyablement difficile, mais c’est une question de survie. Il est certain que les fédérations amateurs actuelles ont un cœur immense pour le motocross, les sacrifices que leurs membres consentent chaque week-end sont là pour nous en convaincre. Beaucoup de pilotes ne se rendent pas toujours bien compte du fait que ces fédérations vont d’une réunion à l’autre durant les mois d’hiver, afin de régler tous les problèmes et qu’elles travaillent d’arrache-pied semaines après semaines pendant la saison pour permettre à tous les passionnés que nous sommes, de vivre ou de pratiquer notre hobby préféré.

Make the FMB Great Again !

La FMB-BMB est l’une des plus anciennes fédérations sportives du pays. Dans l’optique d’une fusion de toutes les fédérations au sein d’une seule fédération amateur, la FMB-BMB pourrait être le partenaire idéal et logique, en tant qu’organe pour les compétitions internationales et nationales et ce, en étroite collaboration avec une nouvelle fédération amateurs à créer. Dans notre pays, il existe une tradition logique de diviser une fédération en une partie francophone et une partie néerlandophone, et la FMB-BMB y pourvoit déjà avec ses sections “Motorsport Vlaanderen” et la “FMWB” pour la Wallonie, ce qui est un avantage déjà acquis.

Sur les réseaux sociaux, clair que ce billet va certainement susciter de nombreuses réactions. Nous ne pouvons rien contre cela, mais soyons constructifs. Jeter de la boue sur notre gouvernement, les associations environnementales et tous ceux qui n’ont rien à voir avec notre sport n’apporte aucune valeur ajoutée. Le mieux serait de donner des conseils et de nommer une ou plusieurs personnes qui pourraient travailler à un nouveau départ de notre sport, selon un modèle belge de “Masterplan MX”. La question est de savoir qui se présentera le premier au portillon de départ et si Annick De Ridder (ministre flamande des sports, N-VA) et Jacqueline Galant (ministre wallonne des sports, MR) sont ouvertes au dialogue avec ceux qui ont dans le sang, ce Motocross, qui fait la Gloire de notre pays !?

Rédaction: Danny Hermans / VF: Manu Jacques
Photos: Danny Hermans, HRC Honda, Manu Jacques en Fullspectrum Media